Pour les philosophes, trois buts sont nobles : le bien, le beau, ou le vrai. Mais les philosophes, trop naïfs, oublièrent le but ultime : rester stylé. Car, franchement, à quoi bon se trouver dans le vrai si c’est en portant une veste de l’année dernière ? 

Malheureusement, en terme de style, le séminaire au ski nous met des battons dans les roues. Combinaisons ringardes, raclettes indigestes, traces de bronzage et gelures aux bouts des doigts… Les obstacles sont nombreux, mais pas insurmontables. Voici nos astuces pour rester digne et singulier parmi vos collègues.

  

Sur le chemin des sommets

Le style, c’est d’abord une affaire de marque. La casquette du club-de-foot départemental et le sweat-shirt Cochonou ? Pas stylés. On oublie. Bogner, Skidress, Arpin, Fusalp ? Stylées ! Et c’est l’Express qui le dit. Alors on s’équipe et on remise sa vieille doudoune au placard – surtout celle avec un petit trou d’où s’échappe un quart de plume un peu ridicule.

En terme de remontées mécaniques, on évitera bien sûr le tire-fesse, qui traîne les skieurs comme des serpillières à flanc de montagne, sans parler du risque de chute puis des carambolages honteux qui s’ensuivent. On prendra plutôt les télécabines ou les télésièges, d’un air dégagé, consultant ses e-mails d’une main, bâillant de l’autre.

Un opossum stylé

   

Sur les pistes

Quoi de moins stylé que de se tordre le genou puis de finir la piste en glissant sur son derrière ? Alors, sur la piste, on prend toutes les précautions pour ne pas se blesser : on choisi du bon matériel, on ne part pas à jeun ou fatigué, puis, surtout, on s’échauffe avant de s’élancer. Et on respecte son niveau ! Pas la peine de vous jeter sur une piste noire verglacée pour impressionner les camarades.

D’ailleurs si vous êtes débutant, votre risque d’accident est double – surtout dans les premiers jours… À ce compte là, mieux vaut privilégier les activités alternatives pour rester stylé en toute sécurité ! Raquettes, plongée, vélo neige…  Et même, pourquoi pas, massage à l’huile d’amande bio – par exemple dans le spa Deep Nature près d’Avoriaz (recommandé par le magazine VOGUE)… Après tout, quoi de plus charismatique que de snober le groupe et de s’occuper de soi ?

 

Un chien pétri de confiance en soi

   

Au restaurant

Impossible de partir au ski sans goûter les spécialités montagnardes. Pas question pour autant d’abandonner votre petite touche d’originalité ! Il suffit de changer un ingrédient ou deux pour transformer un plat du terroir en plat de hipster.

Au restaurant, donc, exigez que la raclette soit faite avec un fromage iconoclaste, comme le chèvre, le Comté, le Saint-Nectaire, la fourme ou le Maroilles. Les vrais fashionistas oseront même remplacer la charcuterie par du saumon fumé, des crevettes et des Saint-Jacques. Oui, c’est possible, et ça s’appelle une raclette de la mer. Idem pour la fondue savoyarde : préférez lui la surprenante fondue valaisanne, au kirsch et aux tomates. Même chose pour la tartiflette. On oubliera le Reblochon (trop années 1990) pour lui préférer le Morbier (morbiflette), le Coulomier (couliflette), le Camembert (camembertiflette), et ainsi de suite (ainsi de suitiflette).

 

Les vêtements, les lunettes, l’esprit relax’ en plein saut…
L’élégance, c’est lui : Spuds MacKenzie.

   

En soirée

D’abord, on ne force pas trop sur la bouteille, car en altitude on est plus rapidement ivre : tituber et bafouiller, ce n’est pas stylé. Par ailleurs on évitera les boissons industrielles (trop banales), les whisky coca (trop ordinaires), pour naturellement privilégier les breuvages locaux : Chartreuse ou Génépi dans les Alpes, Izarra dans les Pyrénées, liqueur de sapin dans les Vosges et le Jura, liqueur de gentiane dans le massif central.

Toutes ces précautions prises, on pourra danser jusqu’à plus soif sur un dancefloor d’altitudes ; actuellement ils fleurissent un peu partout. Car ils sont résolument tendance. Comme vous.